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samedi 10 septembre 2022

Partager un souffle

 

Chant cérémonie de clôture (c) Paul Jeffrey/WCC
 

Ça y est, c'est fini... mais si je suis physiquement rentrée à Paris, ma tête et mon cœur trainent encore un peu du côté de Karlsruhe. Hier, je me suis levée en chantant "Kamana'o i'o", un chant Hawaïen (vous pouvez l'entendre pendant la célébration de clôture, à 56mn), et j'ai passé la journée avec "Together in Christ we move", un chant des îles Tonga (vous pouvez l'entendre pendant la célébration d'ouverture, à 1h15). 

Comme à chaque fois (c'est ma troisième assemblée du COE...), je suis marquée par la beauté des célébrations et en particulier celle des chants, vraies métaphores de la recherche d'harmonie dans l’œcuménisme, pour que chacun puisse porter sa voix propre tout en participant ensemble, dans l'écoute mutuelle, à l'annonce du Christ dans le monde.

Se reconnaitre mutuellement (c) Paul Jeffrey/WCC
 

L'autre chose qui me frappe chaque fois, c'est la bienveillance mutuelle. Comme le disait justement Christophe Douglas-Huriwai, prêtre anglican maohi de Nouvelle-Zélande qui témoignait lors de la cérémonie de clôture, l'assemblée du COE, c'est d'abord une sorte de "rituel de reconnaissance" géant, qui correspond au "Tena koé", un rituel traditionnel où deux personnes, front contre front, respirent à plein poumons le même air, partagent un même souffle pour se reconnaître mutuellement, reconnaitre la part de divin en l'autre. Nous nous sommes reconnus mutuellement pendant huit jours.

Bien sûr, il y a des différences culturelles qu'on a parfois du mal à comprendre, voire à accepter (sur la place des femmes, par exemple), et les accusations de néo-colonialisme qui sont revenues régulièrement, souvent comme slogans, sans que les causes et les conséquences soient analysées, sans que des moyens de vraiment changer les choses soient identifiables puisque les accusations sont trop vagues (ce qui ne veut pas dire qu'il n'y ait pas de néo-colonialisme, mais trop de phénomènes différents sont mis dans le même sac pour qu'on puisse trouver des leviers d'action pertinents). Malgré des préjugés qui persistent parfois et la fatigue qui se faisait sentir, cette bienveillance, cette volonté d'accueillir l'autre tel qu'il est et tel que l'on est, et de cheminer ensemble était évidente. L'écoute mutuelle a été d'une qualité exceptionnelle dans notre petit groupe. Par ailleurs, l'urgence des crises climatiques et des conflits (qui risquent dégénérer et ont déjà des répercussions mondiales) a peut-être aidé à lisser les différents et à travailler à se retrouver sur l'essentiel. La volonté de tenir ensemble a été réaffirmée tout au long de l'assemblée. Nous savons désormais que nous avons besoin les uns des autres.

Claire Sixt Gateuille

vendredi 9 septembre 2022

Tour de cou clergé

(c) paul Jeffrey/WCC

Il y a une nouvelle mode concernant les cols clergé : ils existent désormais en version "tour de cou". Pratique pour les assortir à toutes les tenues féminines ! De nombreuses femmes ordonnées en portaient durant l'assemblée, ils ont visiblement trouvé leur public.

jeudi 8 septembre 2022

Assemblée du COE : In et Off

Animation au Swiss Hub (c) Serge Fornerod/EERS

L'Assemblée du Conseil œcuménique des Églises, c'est d'abord une assemblée générale : il faut y discuter de la politique générale de l'institution : Des délégués qui votent (par consensus ou à la majorité simple ou des deux tiers suivant les décision), des textes à élaborer et à adopter, des plénières décisionnelles, des orientations financières, de programmatiques, générales, un conseil d'administration à élire (le "comité central" de 150 personnes qui se réunit désormais tous les deux ans, et surtout son "comité exécutif" de 25 membres, qui se réunit plus souvent), etc. S'il n'y avait que ça, il n'y aurait pas plus de mille personnes aux assemblées, délégués, conseillers de délégation, observateurs, jeunes volontaires et personnel du COE compris.

Mais l'assemblée du COE, c'est aussi une occasion de "toucher du doigt l'universel", d'expérimenter la diversité de l'Eglise une. Aussi y a-t-il de nombreux participants et visiteurs, qui n'ont pas de rôle à jouée dans l'assemblée mais sont là pour les temps de célébration et les plénières thématiques du matin, et qui ont programme spécifique le reste du temps. Leur est proposé une sorte de "programme off" avec des études bibliques, des ateliers (workshops) sur différents sujets, mais aussi des stands de diverses institutions chrétiennes et un espace où sont proposées de petites animations, le "Networking zone". C'est là que Le COE organise divers évènements : lancements de publications, conférences-éclair sur un sujet donné, etc. C'est là aussi que se trouve de "Swiss Hub". En juin, les amis suisses nous ont demandé des idées d'animation pour ce "Swiss Hub". C''est ainsi qu'Emmanuelle Seyboldt a dialogué la semaine dernière avec Annette Kurschus, présidente de l'Eglise protestante en Allemagne (en fait, de la conférence réunissant les différentes Eglises régionales) et Ritas Famos, présidente de l'Eglise évangélique réformée Suisse (voir le billet de vendredi).

Hier, mardi 6 septembre, c'était mon tour de discuter avec Michel Charbonnier de l’Église vaudoise d'Italie et Emmanuel Jeger, pasteur dans le canton de Vaud en Suisse, autour de la présence des Églises dans la cité, et de quel témoignage public les Églises minoritaires peuvent avoir dans leur contexte propre. J'ai présenté deux types très différents de présence sociale des Églises/protestants : une présence importante et compétente pour une population très ciblée, comme à la Fondation John Bost pour les personnes handicapée ; ou une présence locale qui témoigne dans les relations de personne à personne de la Grâce de Dieu, comme le jardin partagé au nord de Marseille ou les projets de revitalisation d'Églises locales, comme à Lourmarin ou Créteil. Nous avons noté à quel point, dans une société fragmentée et hantée par la (peur de la) solitude, les projets humbles mais très concrets visant à recréer localement du lien social et de la fraternité pouvaient être de témoignages d'évangile. Mais aussi qu'il était encore souvent difficile de faire travailler ensemble les activités paroissiales et la diaconie, d'arriver à faire bouger l’Église pour que toute personne y soit vue comme une sœur ou un frère en Christ, sans trier entre ceux "qui correspondent au profil" et les autres. 

Et cet après-midi, j'ai fait dialoguer les professeurs de théologie Julija Naett Vidovic, professeure à l'Institut de théologie orthodoxe de Saint Serge (par ailleurs une copine depuis que nous étions ensemble au comité central de la conférence des Églises européennes entre 2009 et 2013) et Marc Boss, de l'Institut protestant de Théologie, autour du discernement moral. En effet, les questions éthiques deviennent de plus en plus clivantes, parfois même plus que les divisions confessionnelles. Aussi la commission Foi et Constitution du COE travaille depuis deux décennies sur les questions morales. Un premier texte sorti en 2013 (texte N°215 de Foi et Constitution) n'avait pas satisfait les Orthodoxes qui le trouvaient "relativiste" ; il avait fait l’objet d’un addendum qui en restreignait la portée, le présentant seulement comme une première étape de travail dont certains aspects soulevaient des réticences chez les orthodoxes et les catholiques. 

Le processus s'était poursuivi par une étude des processus de discernement dans les différentes confessions chrétiennes (texte N°228 de Foi et Constitution), permettant, de façon un peu stéréo-typique, de commencer à comprendre la démarche de l'autre, les éléments qui rentrent en compte dans la façon d'élaborer la "morale" prêchée ou les modèles de comportement présentés comme idéaux. Puis le sous-groupe de Foi et Constitution s'était penché sur des exemples historiques pour voir comment la norme morale pouvait évoluer, même au sein des confessions qui s'appuyaient le plus sur la tradition ecclésiale (texte N°229 de Foi et Constitution). Enfin, en 2021, le texte « Eglises et discernement moral : faciliter le dialogue pour construire la koinonia », (texte N°335  de « Foi et Constitution », paru en français dans la revue Istina) présente une "méthodologie" du discernement moral, traçant des grandes lignes et des points communs entre les confessions chrétiennes. 


 

En effet, même si les résultats en termes d'éthique "appliquée" sont souvent très différents entre les Églises chrétiennes dans le monde, toutes s'appuient sur les mêmes éléments dans leur démarche : une analyse du contexte, un travail sur les intentions et les conséquences d'une norme morale, et ce que le texte appelle la "Conscience de l’Église", qui mêle la référence à la Bible et à la tradition (ou à des "grands principes", ou à une "clé herméneutique"), le rapport à l'autorité et à la norme, le rôle de l’Église dans l'espace public et sa disposition au changement, ainsi que les structures ecclésiales - qui influencent forcément sur les décisions - et le souci pastoral des personnes. Sans le dire explicitement, ce texte reconnait une pluralité de voies possibles pour élaborer une position éthique inspirée par l'évangile. Il part du principe que toute Église est sincère dans sa démarche de chercher à discerner ce que pourrait être un comportement fidèle à l'Evangile.

Claire Sixt-Gateuille

mercredi 7 septembre 2022

Consensus au pas de charge...

cartes pour le consensus (c) Gjermund Øystese/WCC


Nous sommes rentrés dans la période des décisions à l'assemblée. Lundi, les 8 présidents ont été élus. Mardi, c'était au tour du comité central. Marc Boss, professeur à l'Institut protestant de théologie de Paris, fait partie des membres élus. Entre ce soir et demain, il faudra adopter le message, les orientations de travail et d'organisation, les orientations financières et les "vœux" appelés ici déclarations publiques de l'assemblée. 

Il est un peu frustrant d'avoir aussi peu de temps pour discuter autant de documents et de déclarations sur des sujets parfois très sensibles... Les documents sont envoyés, dans le meilleur des cas, en début de matinée pour être étudiés en plénière en début d'après-midi. Cela laisse à peine la pause de midi pour les étudier, et sachant que les textes parfois des dizaines de pages, rien pour en discuter à plusieurs ! Certains textes sont présentés seulement aujourd'hui pour être adoptés demain matin. Nous avons jusqu'à 19h pour proposer des amendements par mail. Le problème de ce système est qu'à moins que l'amendement soit signé par de nombreuses personnes, ni le modérateur, ni le comité chargé de la rédaction du texte en question ne peuvent savoir si la proposition est largement soutenue ou si ce n'est qu'une lubie individuelle... Reste qu'il est très compliqué de trouver une méthode de travail efficace avec plus de six cents délégués...

Les délégués vont donc adopter en une paire d'heures demain matin une centaine de pages de documents en tout genre. Depuis de nombreuses années, l'Eglise réformée de France puis l'Eglise protestante unie de France plaident pour réduire l'amplitude des domaines de travail du COE, en appelant à faire moins mais mieux.Visiblement, même si pour une fois, deux priorités sont clairement apparues (les changements climatiques et le plaidoyer pour la paix), ce n'est encore pas cette fois qu'on aura été entendu sur l'éparpillement des thèmes abordés... 

Claire Sixt Gateuille

lundi 5 septembre 2022

Culte télévisé


A l'occasion du 11ème assemblée du COE, un culte a été célébré avec la pasteure du lieu Catharina Covolo, Rita Famos, présidente de l’Église évangélique réformée de Suisse et Christian Albecker, président de l’Union des Églises protestantes d’Alsace et de Lorraine.


La Friedenskirche de Karlsruhe, qui accueille le culte, est une des « églises de secours » construites après la Seconde Guerre mondiale à l’initiative du COE et financées par des dons internationaux (comme l'Eglise de la réconciliation de Pforzheim dont Claire parlait hier).

À (re)voir :

ASSEMBLEE DU COE A KARLSRUHE : billet du jour

 L’assemblée est maintenant entrée dans son rythme de croisière. Après la prière du matin, les journées sont rythmées par les séances plénières thématiques, puis par des études bibliques ou groupes de discussion sur le texte biblique du jour. L’après-midi est consacrée à des séances plénières dites « administratives » (renouvellement du Comité central, …), puis par des groupes de « conversation œcuménique ».

 La plénière thématique de vendredi a été consacrée à l’Europe, en particulier à la situation en Ukraine et la question des réfugiés et migrants. Sujet difficile abordé par plusieurs représentants de l’Eglise orthodoxe d’Ukraine, mais aussi, sur la question migratoire, par des délégués des Eglises de Grèce et d’Italie. Une photo-choc a touché les participants : celle d’un toboggan d’un jardin d’enfants ukrainien transpercé de balles. Le texte du jour était Luc 10, 25-37 : la parabole du bon samaritain. Ce choix pouvait suggérer que le rôle des Églises était de « faire l’ambulance » : guérir et panser les plaies fait en effet partie de leur vocation, mais la présidente de « Brot für die Welt » Dagmar Pruin a insisté sur le fait que les Églises devaient aussi contribuer à arrêter les voleurs et à les mettre en jugement, pour les empêcher de nuire à nouveau.

La plénière thématique de ce lundi 5 septembre a été consacrée au thème « Affirmer la plénitude de la vie » sur la base de Jean 9,1-12 (la guérison de l’aveugle). L’espérance d’une création renouvelée a été affirmée par des représentants de Nouvelle-Zélande, d’Inde, du Panama et d’Ouganda, ainsi que par le secrétaire général d’ACT-Alliance. Il s’agissait en particulier d’être à l’écoute des interpellations des peuples autochtones, pour les conséquences économiques, environnementales et culturelles de l'exploitation de ces pays par les excès de l’économie néo-libérale. Un groupe de danseurs du Pacifique a animé cette séance.

Photo: Hillert / COE


Ces débats ne règlent pas les problèmes planétaires qu’ils abordent. Mais c’est le rôle spécifique du COE d’être cette plateforme de rencontre et de dialogue qui permet de confronter les points de vue et d’enrichir la compréhension de la situation par les participants. Il importe évidemment aussi de relayer les positions du COE dans la sphère politique, ce que celui-ci fait en particulier auprès de l’ONU.

Ce rôle de plateforme a été bien thématisé par le culte enregistré dimanche par ZDF dans la Friedenskirche de Karlsruhe : dans la maison commune décrite par Ephésiens 2, nous habitons des chambres confessionnelles différentes, mais nous nous rejoignons autour la table commune pour la rencontre et le dialogue. Rita Famos, présidente de l’Église réformée suisse, et moi-même avons ainsi souligné dans nos brefs messages la vocation œcuménique de construction de la maison commune, qui s’adresse aussi à toute personne de bonne volonté.

Samedi et dimanche se sont déroulées les visites dans les régions frontalières : Alsace, Bade, Palatinat, Suisse du nord-ouest. La journée de dimanche s’est achevée par le programme culturel préparé par les Églises régionales co-invitantes sur le thème « Niemand soll verlorengehen – Brücken bauen. Versöhnung leben“ (Personne ne doit se perdre – Construire des ponts. Vivre la réconciliation). Sur une proposition du pasteur Sören Lenz, a été présenté un remarquable spectacle, montrant que les profondes déchirures entre nos pays et nos régions ont pu être surmontées : signe d’espérance pour tous les pays du monde en guerre ou en tension !


Christian Albecker

Journée sur l'Europe au COE


Vendredi, une table ronde a rassemblé trois présidentes d’Eglise : Anette Kurschus (EKD, l'église protestante en Allemagne), Rita Famos (de l'église évangélique réformée de Suisse) et Emmanuelle Seyboldt (EPUdF).

Photo: Christoph Knoch

Certes, l’EPUdF est bien petite par rapport à ses deux Eglises sœurs de Suisse ou d’Allemagne. Mais le message évangélique reste le même : être le sel qui donne la saveur au repas (après Mt 5,13), et être la voix des sans-voix, le porte-parole des plus faibles.

C'est ensemble que les Églises d'Europe peuvent habiter ce rôle, notamment via les organisations de la Communion des Eglises protestantes en Europe (CEPE) et la Conférence des Eglise en Europe (CEC - Conference of European Churches). Ensemble, nous cherchons une position commune et prenons la parole publiquement : l'accueil digne des migrants, la justice climatique ou la paix entre les religions, maïs aussi dans le monde.

A partir du message biblique, l'Eglise est ainsi la conscience de la politique, elle veut faire grandir la paix et la justice (qui est une dimension forte aussi du COE).

La concorde de Leuenberg (qui célèbre d'ailleurs l'année prochaine ses 50 ans) montre bien que nous pouvons vivre dans une communion malgré les différences, par une diversité réconciliée.

Les trois présidentes ont ainsi partagé sur l’essentiel évangélique et les conditions dans lesquelles leur Eglise reçoit et vit de l’Evangile aujourd’hui, en lien avec la situation politique européenne.

Ulrich Rusen-Weinhold

 

Délégation française

 


La délégation française presque au complet

Liens franco-allemands : la voie de la fraternité

Traversée du Rhin (c) AL Danet

 
 

C’est à l’endroit même où l’armée française a traversé le Rhin pour entrer en Allemagne en 1944 qu’un petit groupe a refait le trajet en canoë.

 
Une occasion de découvrir des liens franco-allemands d’amitié forts et surtout une réflexion des églises protestantes allemandes sur la sécurité. La guerre est-elle la seule voie de la paix ? La course à l’armement est-elle la voie de la sécurité ? Par des expérimentations sur des éléments très concrets, ces Eglises cherchent à montrer que la seule véritable sécurité est la fraternité. La démarche n’est ni utopique, ni idéologique mais témoigne qu’en Jésus-Christ, des relations justes et solidaires sont possibles.


C’est notre joie et notre espérance.

Anne-Laure Danet

dimanche 4 septembre 2022

Un pèlerinage de réconciliation


Le départ de mon excursion (c) CSG

Le week-end, pas de plénières mais du temps pour les commissions pour travailler et pour les autres participants pour découvrir des projets ecclésiaux proches du lieu de l'assemblée.

Les commissions ont un rôle particulièrement important pour les décisions de l'assemblée. En effet, décider par consensus à 800 avec de nombreux participants voulant faire passer leur(s) préoccupation(s) ne se fait pas tout seul. Les commissions collectent les propositions écrites ou orales de questions à intégrer (dans le message de l'assemblée, les programmes de travail, etc.) et ont tout un travail de tri, d'équilibres à trouver, de formulations à choisir pour que le consensus s'élabore plus facilement. Et le comité des nominations doit chercher à ce que tous soient représentés au comité central, en particulier les laïcs (seulement 29% des délégués cette fois-ci, un chiffre malheureusement en baisse par rapport aux assemblées précédentes), les femmes, les jeunes, et que des représentants des personnes handicapées et indigènes apparaissent dans le lot. Ils n'ont pas trop de deux jours pour ce travail délicat.

Pour les autres délégués, le programme est plus cool, mais pas forcément plus reposant... Hier, j'ai donc pris un bus pour Pforzheim, à 35mn de route de Karlsruhe. La ville compte deux Églises ayant une croix faite de clous (comme celle de Coventry) symbole de leur engagement pour la réconciliation. Nous avons fait un "Pèlerinage de réconciliation" en marchant plusieurs kilomètres le long de la rivière Nagold pour découvrir cet engagement. Nous avons par exemple découvert le travail de l'association interreligieuse de la ville, et en particulier une école maternelle interreligieuse qui a développé sa pédagogie autour des religions des enfants qui y viennent, faisant connaître leurs différentes fêtes, utilisant leurs symboles comme supports pour les activités artistiques, etc.

Célébration oecuménique à Pfortzheim (c) CSG


Lors de l'avant-dernière étape, nous avons partagé un repas préparé par les membres des différentes communautés religieuses de l'association en question. Puis nous avons fini la journée avec une célébration œcuménique dans l’Église de la réconciliation, une Église construite après guerre grâce au COE qui avait fait concevoir des Églises simples, rapides et économiques à construire avec trois modèles différents pour s'adapter au terrain et aux besoins. Les prières y étaient entrecoupées de chants très connus ayant une dimension spirituelle (The Sound of silence de Simon and Garfunkel, l'Alleluia de Léonard Cohen, etc.) merveilleusement interprétés par un duo voix-piano formé pour l'occasion mais visiblement promis à un bel avenir. 

Je suis rentrée épuisée mais reconnaissante d'avoir enfin pu marcher deux heures dans la nature. 
 
Claire Sixt-Gateuille
Un pont sur le Nagold (c) CSG

samedi 3 septembre 2022

Quelle image donnons-nous de l'Europe ?

H.E. Archbishop Yevstratiy of Chernihiv and Nizhiyn  (c) Albin Hillert/WCC

 

Ce matin, le thème de la plénière thématique était l'Europe. Le contenu de cette plénière avait été discuté lors de la pré-assemblée organisée par la Conférence des Églises européennes, en février, en visioconférence. Le résultat ce matin peut se résumer ainsi : l'Europe et ses Églises, c'est 80% la guerre en Ukraine, 20% l'aide aux migrants qui (cherchent à) arrive(r) en Europe. 

S'il était important de donner une voix aux Ukrainiens, on peut se poser la question de l'absence totale de mention de la Russie, alors qu'une délégation de l’Église orthodoxe russe est présente. Et si besoin était d'accorder les deux tiers du temps à cette seule thématique. Rien n'a été dit sur la situation inédite de sécularisation, sur le projet européen comme modèle de réconciliation qui a porté ses fruits depuis 75 ans. Rien sur l'économie sociale de marché que l'Europe tente de vivre et que les Églises européennes essaient de promouvoir pour tenir ensemble la liberté d'entreprendre qu'offre le capitalisme et la redistribution des richesses par la régulation, la protection sociale et les mécanismes de solidarité nationale, aussi imparfaits soient-ils. Rien n'a été dit des expérimentations de nouvelles formes d’Églises et d'évangélisation. Rien n'a été dit du besoin qu'ont les Églises de réapprendre à contextualiser l’Évangile dans les cultures européennes, voire dans les sous-cultures en occident. Rien n'a été dit pour corriger les caricatures qui représentent nos Eglises comme des Eglises vides, de personnes vieillissantes ou de dangereux relativistes ayant abondonné toute "morale chrétienne".

Rev. Dr Dagmar Pruin (c) Sean Hawkey/WCC

 

Pour prendre un exemple, l'intervenante de Brot für die Welt, Mme Dagmar Pruin, a appuyé son propos sur le texte du bon samaritain. Elle a demandé comment nous nous situions : si nous étions le bon samaritain, l'aubergiste ou les brigands. Jamais elle n'a proposé que nous puissions nous identifier au blessé, à celui qui a besoin d'aide. Elle a maintenu cette image d'une Europe forte, qui aide et n'a pas besoin d'être aidé. D'un modèle qui reste largement à sens unique.

Une vraie occasion manquée...

Claire Sixt Gateuille

Présentation de l'ISEO


Jeudi 1er septembre à 17h, plusieurs professeurs et intervenants de l'ISEO, Institut supérieur d'études oecuméniques, ont présenté durant un atelier cet institut particulier, fruit d'une belle coopération entre l'Institut catholique de Paris, l'Institut de théologie orthodoxe Saint Serge et l'Institut protestant de théologie. 

De gauche à droite, le Père Miguel Desjardins, la professeure de théologie orthodoxe Julija Naett-Vidovic, Katherine Shirk-Lucas et le professeur Marc Boss, professeur de théologie protestante, qui entourent Anne-Laure Danet, responsable des relations avec les Eglises chrétiennes de la Fédération protestante de France. 

Les ateliers sont proposés aux participants qui ne sont pas délégués (ces derniers ont droit au même moment à une "conversation œcuménique" sur un thème qu'ils ont choisi à l'avance, en lien avec les programmes du COE, à choisir parmi une grosse vingtaine de propositions, conversation qui se poursuit pendant quatre séances réparties sur plusieurs jours, pour permettre aux gens travaillant pour le COE de mieux connaitre les attentes des Églises membres dans leur domaine de travail). 

La liste des ateliers possibles fait 55 pages ! Il y en a une vingtaine par jour ; par ailleurs dans le Brunnen,  un espace de stands et d'animations sont régulièrement organisées des présentations, des tables-rondes et des micro-conférences. De 8h15 à plus de 22h, il se passe toujours quelque chose sur le site de l'assemblée. Pas le temps de s'ennuyer ! 

Claire Sixt Gateuille

vendredi 2 septembre 2022

Réseau des Eglises unies et en chemin vers l'unité

Réunion du réseau d’Églises unies (c) Claire Sixt-Gateuille

 

Hier soir ont eu lieu des réunions confessionnelles. Pour les Églises unies, la question se pose toujours : comment fait-on ? Par exemple l’Église protestante unie de France est, comme son nom l'indique, une Église unie, ses délégués peuvent donc aller à la réunion des Églises unies. Mais elle est membre également de la Communion mondiale d’Églises réformées (CMER, WCRC en anglais) et de la Fédération d'Églises luthériennes (FLM, LWF en anglais). Par chance, nous sommes quatre, Emmanuelle Seyboldt est donc allée avec les luthériens, Marc Boss chez les réformés et Ulrich Weinhold et moi-même à la réunion du réseau des Églises unies et en chemin vers l'unité (United and Unifying Churches). D'autres délégations se sont réparties comme nous. 

Lors de cette réunion, l'Eglise du pays de Bade nous a invité à fêter son anniversaire la semaine prochaine. En fait, l'Eglise a été fondée en 1821 (la première en Allemagne date de 1818 ; ce sont des Eglises unies luthériennes-réformées, avec une composante luthérienne souvent majoritaire), mais la pandémie a retardé les festivités d'un an. L'Eglise unie de Canada fêtera, elle, ses 100 ans en 2025, et espère qu'elle aura un ou une modératrice (l'équivalent de la présidence) autochtone d'ici là.

Chaque organisation confessionnelle organise la réunion comme elle l'entend. Bien que le réseau ait décidé de ne pas créer une "organisation confessionnelle" en tant que telle (sur quelle confession, quels critères d'identité théologique, ecclésiologique ?), il entend porter "son" modèle d'unité comme une inspiration pour d'autres, tout comme les autres confessions défendent leur(s) modèle(s) d'unité propre(s). C'est pour cela qu'il organise une réunion en parallèle de celles des organisations confessionnelles. Odair Pedroso Mateus, directeur de la commission Foi et Constitution est convaincu que le témoignage spécifique des Eglises unies devrait être renforcé et plus valorisé dans le mouvement oecuménique, et au COE en particulier.

Pendant cette réunion, au demeurant fort intéressante, je me demandais de ce que pourrait être ce "modèle" "Eglise Unie"... est-ce que cela a été étudié ? Souvent, les projets d'union ont des raisons très concrètes, très contextuelles. Les formes d'union et leurs bases théologiques et ecclésiales sont toujours spécifiques, différentes selon les lieux et les confessions d'origine. Quels sont les points communs, en termes de méthodologie, de gestion de la diversité, de dynamique ? Quelles sont les lignes de forces de ce modèle ? ses fragilités et ses risques ? comment pourrait-on définir les contours de ce modèle ? 

C'est un modèle qui peut être "réitéré", adapté dans d'autres contextes, mais pas reproduit. comment le présenter, le définir ? Rev Dr Karen Georgia Thompson, présidente du réseau et animatrice de la réunion, disait que les déclarations d'union sont des points communs, en particulier celui de dire, d'une façon ou d'une autre, qu'il faut que quelque chose meure pour porter du fruit autrement... Une étude systématique a-t-elle été faite ? Si je n'avais pas par ailleurs un (autre) projet de thèse sur le feu, cela m'aurait plu de travailler là dessus... 

Claire Sixt Gateuille

jeudi 1 septembre 2022

Une première journée bien remplie

La file d'attente pour les badges (c) Chambers/COE
 

Nous sommes arrivés hier matin à Karlsruhe, Emmanuelle Seyboldt, Marc Boss et moi, avec 35mn de retard à l'arrivée. Le temps d'un aller-retour en tram (l'hôtel est à 25mn de la gare et 20 mn du site de l'assemblée) et nous voilà dans la file d'attente pour obtenir notre badge à QRcode, sésame pour participer à l'assemblée. A midi et quelques, nous prenons enfin notre place dans la salle des plénières de travail où la session d'ouverture a déjà commencé. 

A 13h, nous tenons une première ligne de queue devant un des "restaurants" (en fait des préfabriqués avec tables et bancs serrés les uns contre les autres et qui servent tous les mêmes plats), puis celui-ci étant complet, nous nous rabattons sur un autre, qui annonce également complet cinq minutes après, pour finalement nous retrouver dans la file du "restaurant" en plein air. problème : il pleut 😅. Nous trouvons finalement à nous habiter sous une sorte de grand parasol...

A 14h30, nouvelle plénière. Le rapport moral de Ioan Sauca est remarquable (on aurait aimé qu'il soit le prochain secrétaire général, et pas seulement celui par intérim, comme c'est le cas depuis 2020...), tout en fermeté sur les sujets qui le nécessitent et en nuances sur d'autres où l'on pourrait tomber dans les stéréotypes. A 16h, discours du président de l'Allemagne fédérale et de représentants religieux allemands. Ce n'est pas en France qu'un président citerait aussi ouvertement et de façon répétée la Bible... Il attaque de front dans son discours le patriarcat de Moscou sur sa position sur la guerre en Ukraine. Les collègues allemands avec qui j'en parlerai plus tard trouvent qu'il s'est plus adressé aux journalistes allemands qu'aux membres de l'assemblée et qu'il est sorti de son rôle. Le mélange des genres religieux/politique est toujours délicat, et la laïcité à la Française a aussi parfois du bon... 

Cérémonie d'ouverture (c) Jeffrey/COE
 

A 17h30, Cérémonie d'ouverture. Simple, belle, musicalement merveilleuse, avec des chants qui s'enchaînent harmonieusement alors qu'ils sont de styles très différents, par exemple trois alléluia, le premier (orthodoxe) ukrainien, le deuxième indonésien, le troisième Sud-Africain. Je ressens lors de cette célébration la même émotion qu'au Grand KIFF il y a un an : ça y est, on y est, ce qu'on n'était pas sûr de pouvoir organiser il y a encore peu a enfin lieu ; que c'est bon de pouvoir se retrouver, célébrer ensemble, dans la joie ! Jamais avant la Covid-19, le "besoin" de faire communauté avec d'autres de m'avais saisi à ce point. C'était de l'ordre de l'évidence, de l'acquis. Je vis désormais le fait de prier et de louer Dieu aux côtés d'autres, physiquement présents, comme une grâce ; à chaque fois...

Après le repas du soir, nous partons en "processus" jusqu'à une place du centre-ville, précédés par une fanfare, qui nous fait danser durant les 15mn du trajet. Quelle ambiance ! Là, concert et salutations officielles nous attendent, puis les plus courageux peuvent admirer un son et lumière projeté sur la façade du château. Celui étant trop conceptuel pour moi, j'abandonne au bout de 5 mn et part me coucher. Il est tout de même plus de 22h quand je rentre enfin dans le tram de retour. 

Une première journée bien remplie et pleine de promesses...

Claire Sixt Gateuille

mercredi 31 août 2022

Pèlerinage pour la Justice et la Paix - Préconsultation du COE à Hambourg

Photo: Albin Hillert/COE

 

Le "pèlerinage pour la justice et la paix" était un souhait qui est sorti de la 10ème assemblée à Busan (Corée du Sud) en 2013. Un groupe de pèlerins se déplace ensemble à différents lieux du monde œcuménique. Trois éléments fondamentaux marquent ce pèlerinage : la contemplation et prière ensemble, la nomination de la souffrance du lieu (mettre le doigts sur les blessures) comme via negativa, et enfin - comme via positiva - la joie là où se trouvent des réconciliations, des moments de justices et de paix.
Lors de notre préconsultation pour le "Pèlerinage pour la justice et paix", nous avons réfléchi sur la guérison à chercher. Les grands thèmes sur lesquelles nous avons réfléchi :

-Unification et guérison
-Racisme et guérison
-Langage et guérison
-Différentes visions du monde et guérison.

Pour aller plus loin: Voyez la page du COE.

mardi 30 août 2022

Rechercher théologiquement l'unité aujourd'hui

Odair Pedroso Mateus, (c) Peter Williams/COE
 

Odair Pedroso Mateus est docteur en théologie et directeur de la commission Foi et Constitution du Conseil œcuménique des Églises. La Commission Foi et Constitution travaille depuis 1921 à l'unité de l’Église, en mettant autour de la table et faisant discuter les différentes Églises chrétiennes sur les questions de doctrine et d'organisation de l’Église, afin de faire avancer la cause de l'unité des chrétiens.

Début juillet, il rencontrait - virtuellement - Claire Sixt Gateuille, ancienne responsable des relations internationales de l’Église protestante unie de France et future doctorante, pour une discussion autour du travail de Foi et Constitution, ses chantiers des neufs dernières années et leurs attentes concernant les discussions théologiques à l'assemblée de Karlsruhe.

La conversation fut animée et montée en deux émissions par le Pasteur Marc Schaefer. La première est disponible, la deuxième le sera début septembre. Un podcast à écouter ici ou sur le site de l'EPUdF

Vous pouvez par ailleurs écouter chaque jour des retours de l'assemblée par un des français sur place, en podcast à la même adresse