samedi 3 septembre 2022

Quelle image donnons-nous de l'Europe ?

H.E. Archbishop Yevstratiy of Chernihiv and Nizhiyn  (c) Albin Hillert/WCC

 

Ce matin, le thème de la plénière thématique était l'Europe. Le contenu de cette plénière avait été discuté lors de la pré-assemblée organisée par la Conférence des Églises européennes, en février, en visioconférence. Le résultat ce matin peut se résumer ainsi : l'Europe et ses Églises, c'est 80% la guerre en Ukraine, 20% l'aide aux migrants qui (cherchent à) arrive(r) en Europe. 

S'il était important de donner une voix aux Ukrainiens, on peut se poser la question de l'absence totale de mention de la Russie, alors qu'une délégation de l’Église orthodoxe russe est présente. Et si besoin était d'accorder les deux tiers du temps à cette seule thématique. Rien n'a été dit sur la situation inédite de sécularisation, sur le projet européen comme modèle de réconciliation qui a porté ses fruits depuis 75 ans. Rien sur l'économie sociale de marché que l'Europe tente de vivre et que les Églises européennes essaient de promouvoir pour tenir ensemble la liberté d'entreprendre qu'offre le capitalisme et la redistribution des richesses par la régulation, la protection sociale et les mécanismes de solidarité nationale, aussi imparfaits soient-ils. Rien n'a été dit des expérimentations de nouvelles formes d’Églises et d'évangélisation. Rien n'a été dit du besoin qu'ont les Églises de réapprendre à contextualiser l’Évangile dans les cultures européennes, voire dans les sous-cultures en occident. Rien n'a été dit pour corriger les caricatures qui représentent nos Eglises comme des Eglises vides, de personnes vieillissantes ou de dangereux relativistes ayant abondonné toute "morale chrétienne".

Rev. Dr Dagmar Pruin (c) Sean Hawkey/WCC

 

Pour prendre un exemple, l'intervenante de Brot für die Welt, Mme Dagmar Pruin, a appuyé son propos sur le texte du bon samaritain. Elle a demandé comment nous nous situions : si nous étions le bon samaritain, l'aubergiste ou les brigands. Jamais elle n'a proposé que nous puissions nous identifier au blessé, à celui qui a besoin d'aide. Elle a maintenu cette image d'une Europe forte, qui aide et n'a pas besoin d'être aidé. D'un modèle qui reste largement à sens unique.

Une vraie occasion manquée...

Claire Sixt Gateuille

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