jeudi 1 septembre 2022

PREMIERES IMPRESSIONS DE L’ASSEMBLEE DU COE A KARLSRUHE



Entrer dans une assemblée de plus de 3000 personnes, dans tous les sens du terme, n’est pas facile. Le premier jour a commencé par une triple et interminable queue pour pénétrer dans l’enceinte autour du « Kongresszentrum »: une pour l’accréditation (le sésame qui vous permet d’accéder à toutes les rencontres, repas, transports en commun, …), une seconde pour percevoir son paquetage… (le sac contenant de très nombreux et lourds documents et l’incontournable éco-cup !) et la troisième pour les contrôles de sécurité. Mais toutes ces attentes ont déjà été l’occasion de faire connaissance et d’échanger avec les participants du monde entier ! Donc, nous y sommes, et l’ambiance est d’emblée chaleureuse et conviviale. Beaucoup de personnes se connaissent à travers les nombreuses instances de coopération ecclésiale et sont heureuses de se retrouver, d’autres font connaissance et découvrent les mille facettes de l’Église universelle. 
La première journée a été dédiée à des sessions plénières formelles : validation de l’ordre du jour, rapport de la présidente du Comité exécutif, remarquable rapport du secrétaire général Ioan Sauca, direct, sans langue de bois, et tout en finesse. L’après-midi a été en grande partie consacrée à l’accueil et aux discours du président de la République Frank-Walter Steinmeier et du ministre-président du Bade Wurtemberg Wilfried Kretschmann. Et nous voilà plongés directement dans les enjeux politiques de l’assemblée : la guerre en Ukraine et le conflit israélo-palestinien. Sur le premier sujet, nous avons été quelques-uns à trouver excessive la triple insistance, applaudissements de la salle à l’appui, sur la présence de la délégation ukrainienne, autorisée exceptionnellement à quitter le pays. Le hasard veut que derrière la délégation de l’UEPAL est assise la délégation du patriarcat orthodoxe de Moscou…Ambiance ! Leur présence est courageuse, et une parole bienveillante à leur égard aurait été la bienvenue. 
Car c’est la logique même du COE d’être une plateforme d’échange et de dialogue au-delà de nos divisions et désaccords. Cela ne va pas changer le cours de la guerre, mais les échanges qui auront lieu ici permettront de préparer la réconciliation, une fois la guerre terminée. C’est bien la raison pour laquelle on a choisi Karlsruhe pour la tenue de l’assemblée, lieu symbolique proche du Rhin où les « ennemis héréditaires » allemands et français ont trouvé le chemin de la réconciliation après de terribles conflits. La question israélo-palestinienne a également été abordée de plain-pied avec l’intervention d’une invitée juive représentant le conseil juif du Bade-Wurtemberg : discours très critique à l’égard du COE soupçonné de soutenir unilatéralement la cause palestinienne, éloge d’Israël, seul État démocratique du Proche-Orient, confusion entre critique d’Israël et antisémitisme. Gageons que ces thèmes politiques vont encore occuper largement les débats. 


 
Ce 1er septembre est le premier jour du mois de la création, instauré il y a une dizaine d’années à l’instigation des Eglises orthodoxes et du patriarche œcuménique Bartholomée. Les célébrations qui encadrent cette journée et la séance plénière du matin ont été placées sous le thème de la création et de la nécessaire conversion de nos comportements collectifs et individuels pour faire face à la crise climatique. Deux excellentes contributions orthodoxes ont permis de rappeler les bases théologiques de cette invitation à un changement radical. Mon impression générale, qui contredit l’opinion que j’en avais, est que le climat œcuménique, en tous cas tel qu’il est vécu dans cette assemblée, est plutôt en progrès. Les crises successives que nous vivons (pandémie, guerre, dégradation climatique, …) y contribuent sans doute, et on a le sentiment que toutes les Eglises se reconnaissent comme expression légitime de l’unique Eglise du Christ. Peut-être même l’Eglise catholique s’exprimant par la voix du cardinal Kurt Koch, président de la commission pontificale pour l’unité des chrétiens, qui a lu à l’assemblée une lettre très fraternelle du Pape François. Nous vivons dans l’espérance !

 Christian Albecker



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire