mardi 7 juin 2022

En route pour Karlsruhe

Assemblée de Busan, 2013, Peter Williams/COE

L’Assemblée du Conseil Œcuménique des Eglises (COE) se tiendra du 31 août au 8 septembre à Karlsruhe, en Allemagne. Cet événement est pour notre Église ce qui se rapproche le plus d'une expérience concrète de l’Église universelle. Vous trouverez sur ce blog des articles préparatoires, des témoignages des délégués français pendant l'événement et un bilan après.

Bruits de Guerre

Le thème de l'Assemblée "L'amour du Christ conduit le monde à la réconciliation et l'unité", déterminé depuis plusieurs années, résonne particulièrement depuis la réactivation du conflit armé en Ukraine. Lors d'une préparation européenne de l'assemblée, les 25-26 février, l’importance de la justice a été rappelée pour arriver à une réconciliation durable. La question se pose aujourd'hui de l'attitude à adopter envers l’Église orthodoxe - Patriarcat de Moscou, pour ne pas rompre le dialogue mais ne pas non plus accepter la justification théologico-politique de la violence.

D'autres lieux de réconciliation en Europe ont été mis en avant, par des témoignages sur la situation politique en Irlande du Nord et à Chypre, vis-à-vis des minorités ethniques en Norvège et au sein même de l’Église autour de la question de l’ordination des femmes en Pologne. Plus le rapport est fort entre l’Église et l’État, plus il nécessite une grande capacité de critique et d’autocritique de la part de l’Église, en ouvrant des espaces d’expression des voix dissidentes. 


Première assemblée en Europe depuis 1948

Assemblée d'Amsterdam, 1948 (c) COE

Les assemblées ayant lieu chaque fois sur un continent différent, l’accent est mis sur la spécificité de ce continent, en particulier lors d’une plénière. Après Amsterdam, assemblée fondatrice du COE en 1948 (assemblée fondatrice du COE), c’est la deuxième assemblée à se tenir sur le sol européen. Mais le contexte a fortement changé : d’une organisation pensée par et pour les Églises du « Nord », le COE est devenu une organisation où les Églises du Sud deviennent majoritaires. Dès lors, l’équilibre est délicat à trouver pour une assemblée qui prenne en compte le contexte européen tout en veillant à ne pas redevenir européo-centrée…

En Europe, l’Église n’est plus qu’une voix parmi d’autres. Mais elle continue à jouer un rôle essentiel, en particulier un rôle d’encouragement mutuel, ce qui est nécessaire dans des sociétés où les individus et groupes sont de plus en plus isolés. Les Églises en Europe, en tant que communautés, ne sont plus spectaculaires ; dans une société du spectacle, elles ont donc tendance à être invisibilisées et sont dépouillées de leur autorité traditionnelle. Mais elles gardent toute leur pertinence, par le rôle de créateur de liens qu’elles jouent, un lien marqué par la grâce de Dieu. Les Églises sont (appelées à être) des communautés de réconciliation. De plus, le mouvement de sécularisation se double aujourd’hui d’un mouvement de « dé-sécularisation », avec de plus en plus de personnes en recherche spirituelle.

Dans ce cadre, la pluralité peut être une occasion de témoignage. Elle est en effet une question eschatologique : le Royaume de Dieu est un royaume réconcilié, pas un royaume uniforme. Notre voix doit porter pour faire accepter la diversité. Cela commence par nous, par le besoin d’être agents et témoins de réconciliation (en nous-mêmes, avec Christ, envers les autres, etc.). La perte d’autorité dans l’espace public est une opportunité pour retravailler notre pertinence, pour être reconnus pour ce que nous faisons et disons. Pour cela, nous avons besoin de faire plus de place aux voix dissidentes, à la critique et à la consultation, en particulier des personnes issues de l’immigration.

Quelques chiffres

Il se prépare 4 pré-assemblées, 100 ateliers à thème, 23 conversations œcuméniques, l’accueil d’entre 1500 et 6000 participants suivant la situation sanitaire.

Nous y préparer

C’est la première fois que le mot « Amour » apparait dans un thème du COE. Durant la réunion, il a été souligné que la compassion est la clé herméneutique de l’amour du Christ. Le thème est christocentrique sans être exclusiviste. Il est tourné vers la mission. Aujourd’hui, les valeurs qui tendent vers l’unité sont devenues contre-culturelles.  

Des études bibliques sont proposées sur le thème, que je vous invite à utiliser dans votre Église locale, un livret d’introduction présente le thème et le contexte particulier de cette assemblée, et un livret de prières et de chants peut servir à préparer le culte du 4 septembre, pour inviter l’Église locale à s'associer spirituellement à l'événement. Les textes choisis pour les études bibliques et pour chaque jour de l’assemblée, sont des « ancres spirituelles » que l’on peut explorer en écho avec le thème, en les faisant résonner dans notre contexte local.

Claire Sixt Gateuille

(adapté d'un article publié sur le site de l'EPUdF début mars)

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