vendredi 8 juin 2018

Une belle assemblée

(c) Albin Hillert/CEC
Après Lyon et Budapest, Novi Sad était ma troisième assemblée générale de la KEK. Et pour tout vous avouer, c'est celle que j'ai le mieux vécue !

Lyon avait vu surgir un conflit entre deux visions de la KEK et donc une bataille rangée entre deux clans, sur fond de difficultés relationnelles entre les différentes implantations de la KEK (Genève, Bruxelles et Strasbourg à l'époque) ; Budapest avait travaillé sur une nouvelle constitution, c'était donc une assemblée très technique, où l'on parlait peu de stratégie, beaucoup de règlement et d'organisation et où les deux visions avaient continué à s'opposer en arrière-plan de ces considérations techniques. L'ambiance était tendue, le programme surchargé, le découragement souvent à tapi dans l'ombre, prêt à nous sauter dessus... 

(c) Albin Hillert/CEC
En comparaison, Novi Sad a été une assemblée fraternelle, qui allait de l'avant et qui a dégagé un avenir. Certes, tout n'est pas réglé et il reste à la KEK de changer de culture - et de méthodes de travail - après avoir changé de constitution, mais le virage est désormais irrémédiable et les deux visions en conflit ne sont plus opposées mais pointent désormais dans la même direction. 

Pour faire simple, ces deux visions étaient : 
- d'un côté, voir la KEK comme un service des Églises dont le rôle est de les représenter auprès des institutions européennes (de l'Union européenne et du Conseil de l'Europe)
-  de l'autre, voir la KEK comme une communauté d’Églises agissant dans l'espace européen. 

Après neuf années passées à réfléchir, douter - souvent - et chercher la meilleure solution, après de nombreuses difficultés financières et un gros renouvellement du personnel, une tendance se dessine : on ne peut plus opposer l'aspect service et l'aspect communautaire. 

(c) Albin Hillert/CEC
En effet, la valeur ajoutée de la KEK auprès des institutions européennes n'est pas son expertise sur tel ou tel sujet mais le fait qu'elle représente de nombreuses Églises de traditions, de cultures et de soubassements théologico-politiques différents. La parole de la KEK est une parole forte parce qu'elle est une parole commune, un témoignage commun qui a su se tisser de ces approches et cultures différentes. Elle est une parole forte parce qu'elle représente de nombreuses personnes (souvent) engagées et constructives sur le terrain. Cette parole ne peut être formulée que dans la rencontre entre représentants d’Églises, elle a donc besoin d'espace de rencontres, de consultations, d'élaboration collective. La parole de la KEK n'est forte que si elle vient des Églises et non pas des employés de la KEK, même experts dans leur domaine. L’équipe de la KEK doit donc travailler plus dans la concertation, la consultation des Églises, organiser plus de rencontres, de groupes de travail, etc. et mettre au centre la dimension spirituelle de la KEK, qui représente sa valeur ajoutée (et non l'aspect politique). 

(c) Mladen Trkulja/CEC
D'un autre côté, la dimension "Communauté d’Églises" de la KEK a besoin de l'expertise de l'équipe de la KEK pour assurer une forme de "veille", discerner les sujets et les débats qui vont surgir dans les institutions européennes et interpeller les Églises pour qu'elles s'en saisissent à temps. Les Églises ont besoin de l'expertise de la KEK non pas pour les représenter - même si c'est souvent la façon la plus efficace de faire, mais ça ne doit pas être la seule -  mais pour les interpeller et les amener à réfléchir et à s'engager sur tel ou tel sujet abordé par les institutions européennes. Et si nous nous décidions par exemple à aborder sérieusement en Église la question de "comment être ouvriers de paix en Europe ?" (la paix est l'un des thèmes abordés dans le document sur les questions d'actualités) ou celle de "quelle agriculture et quel rapport à la terre pour demain ?" (la sauvegarde de la création est un autre thème phare en ce moment).

L'étape suivante sera d'assurer la pérennité financière de la KEK pour lui permettre de pouvoir assumer pleinement les missions que les Églises membres lui assignent. Car organiser des consultations et des rencontres entre représentants d’Églises demande du temps et du personnel bien formé à l'animation et à l'interculturel... 

En attendant de voir ces changements se réaliser, une éclaircie a percé les nuages ! 

Claire Sixt Gateuille

1 commentaire:

  1. Merci Claire pour cette mise en perspective et la clarté de l'analyse !
    Super les commentaires au long de L'AG !

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