jeudi 31 mai 2018

Jour J : départ pour la Serbie

Il est 6h, nous attendons l'embarquement.Vous voulez connaître nos attentes vis-à-vis de l'Assemblée ? voici quelques vidéos tournées avant le départ :

- Celle des délégués de l’Église protestante unie de France : 

- Celle de la déléguée de la Fédération protestante de France :

- et pour ceux qui parlent anglais, allemand, serbe, etc. voici le lien pour voir l'assemblée en direct (si le livestream marche..., sinon on peut voir les vidéo en différé sur la chaine youtube de la KEK) :


A bientôt !

jeudi 24 mai 2018

Assemblée Générale 2018 de la KEK, J-7 !

Dans une semaine pile, la petite délégation française rejoindra ses frères européens pour ce grand événement. En ce qui me concerne, c'est la toute première fois que je participe à une assemblée de cette envergure ! J'en profite pour me présenter rapidement. Je m'appelle Claire, j'ai 28 ans, et je serai déléguée laïque pour cette assemblée générale afin de représenter l’Église protestante Unie de France. Je deviens proposante à la rentrée prochaine à Montpellier secteur Garrigues et suis une passionnée de musique. En tant que déléguée, je serai donc appelée à participer aux débats, à vous représenter mais aussi à voter certaines décisions. J'ai déjà un petit peu d'expérience dans l’œcuménisme international grâce à la communauté de Taizé, où j'ai effectué un volontariat de 3 mois l'an dernier. Il se trouve qu'à cette occasion, j'ai eu la chance d'être envoyée une semaine en Croatie pour rencontrer les jeunes chrétiens croates pour les encourager à venir à Taizé. J'ai appris à cette occasion que les souvenirs de la guerre sont encore très présents dans les mentalités, tant en Serbie qu'en Croatie, et ce, même parmi les toutes jeunes générations. La Serbie est majoritairement orthodoxe alors que la Croatie est majoritairement catholique. Il y a donc un double challenge pour ces deux pays : une réconciliation culturelle et confessionnelle. Aussi, je trouve cela passionnant que l' Assemblée Générale de la KEK soit en Serbie !

Lors de la réunion de préparation de cette assemblée générale, au milieu de toute cette joie et de l'enthousiasme que provoque un tel événement, j'ai tout de même gardé un petit goût amer car j'ai appris que l’Église catholique romaine ne fait pas partie de la KEK, ni même du COE (Conseil œcuménique des églises). Ils ne sont qu'observateurs, et entrent en dialogue avec ces instances seulement par le biais de leurs propres commissions. Cela veut dire que la KEK ne représente que 25% des chrétiens européens... Cela peut nous interroger. La raison de cette absence touche à une question d’ecclésiologie : qu'est ce que l’Église ? catholiques, protestants, orthodoxes n'auront pas la même réponse.

Je me réjouis de voir comment des Églises et des cultures aussi différentes parviennent à entrer en dialogue pour avancer ensemble à la suite du Christ. J'aurai aussi à cœur de vous tenir informés et de vous décrire au mieux ce qui se joue lors des discussions et réflexions dans lesquelles seront entremêlées politique et théologie... cela promet d'être passionnant !
Il me semble important de créer plus de lien entre les instances européennes, internationales et l'échelon local. En effet, si les décisions et réflexions que mène la KEK n'ont aucune répercussion dans les différents pays, nous risquons de gaspiller notre énergie ! Je vous encourage aussi à faire vos propres recherches, à rester connectés pour suivre tous ces débats, afin peut-être, d'en référer dans vos paroisses respectives ?

A bientôt !
Claire Oberkampf

mardi 22 mai 2018

Bientôt à Novi Sad

Pour l'assemblée de la KEK
Du 31 mai au 6 juin se tiendra l'assemble générale de la Conférence des Églises européennes (KEK), à Novi Sad, en Serbie. Une dizaine de français y assisteront, comme délégués de leur Église (Union des Églises protestantes d'Alsace-Lorraine, Église protestante unie de France, Fédération des Églises baptistes de France ou Église protestante malgache en France), conseillère de délégation ou chargé de la communication.

Un peu d'histoire
La Conférence des Églises européennes a été créée en 1959 pour être un pont entre les Églises d'Europe de l'Est et d'Europe de l'Ouest, séparées par le Rideau de Fer. Elle a même tenu plusieurs assemblées sur un bateau, dans les eaux internationales, pour permettre aux délégués des deux mondes de s'y retrouver. Après la chute du mur, elle a continué à travailler dans deux domaines : le dialogue entre Églises et la construction européenne. En 1999, la KEK a "absorbé" la "Commission Église et société" (European Commission on Church and Society, EEECS) qui était chargée par les Églises de l'Ouest de dialoguer avec les institutions européennes. Depuis 2009, la KEK s'est également rapprochée de la Commission des Églises auprès des migrants en Europe, avec laquelle elle travaille en étroite collaboration.
Elle est aujourd'hui composée de 115 Églises de différentes confessions chrétiennes : orthodoxe, anglicane, luthérienne, réformée, unie, évangélique, vaudoise, hussite, catholique chrétienne (appelée aussi "vieille-catholique"). Son secrétaire général actuel est le Père Heikki Huttunen, de l’Église orthodoxe de Finlande.

De 2013 à 2018
Assemblée de 2013 à Budapest
La dernière assemblée, en 2013 à Budapest, avait été très administrative, accouchant avec peine d'une nouvelle constitution et de la décision de déménager les bureaux principaux de Genève à Bruxelles (où des bureaux existaient déjà dans le cadre du dialogue de la KEK avec les institutions de l'Union européenne). Comme tous les déménagements institutionnels, celui-ci a entrainé turn-over du personnel et besoin de temps pour s'adapter à la nouvelle organisation. Aussi la dimension de travail avec des institutions européennes, qui imposent leur agenda, a-t-elle pris le dessus sur la dimension de communauté d'Églises, qui doit être animée de l'intérieur. La vacance du poste de responsable du dialogue théologique jusqu'en octobre 2016 n'a pas aidé les Églises à se saisir de cette "plateforme de collaboration entre Eglises" qu'est la KEK selon la nouvelle constitution. Ainsi, il me semble que la Conférence des Églises européennes s'est concentrée les cinq dernières années sur les trois thèmes majeurs qui sont des thèmes majeurs pour l'Europe : 
- Europe sociale (inégalités, chômage des jeunes, travail du dimanche, bioéthique, etc.)
- migrations 
- mondialisation et besoin de gouvernance mondiale

Malheureusement, elle a un peu délaissé l'aspect "communauté d’Églises", ne consacrant pas assez d'énergie à informer ses membres, à leur présenter les grands enjeux du moment, à les appeler à participer. A mon avis, il y a en particulier un gros enjeu dans le dialogue entre certaines Églises de l'Est qui blâment les Églises de l'Ouest, les accusant par exemple d'avoir abandonné leurs fondamentaux en laissant l'esprit rationnel et l'individualisme tout envahir depuis le siècle des Lumières, et ces dernières qui ne comprennent pas l'attitude conservatrice des premières (leur volonté de maintenir des États "chrétiens", leur affirmation d'identités collectives qui s'opposeraient à des droits individuels, etc.). Il y aurait un gros travail théologique, culturel et politique à faire pour ne pas se contenter de la caricature d'une opposition radicale "orthodoxes de l'Est" contre "protestants de l'Ouest"... Dépasser cette caricature pourrait nous aider également à réfléchir ensemble au témoignage des Églises dans les pays sécularisés.

Père Heikki Huttunen, actuel secrétaire général de la KEK
Comment nous saisir de cette "plateforme" ?
Si l'on veut faire un rapide bilan des 5 dernières années et de la nouvelle constitution, je dirais que la KEK fait bien ce qu'elle sait bien faire : le dialogue avec les institutions européennes (de l'Union européenne d'un côté, du Conseil de l'Europe de l'autre). Mais son nouveau statut de "plateforme de collaboration entre Églises" fait qu'il est difficile pour les Églises minoritaires comme la nôtre de s'y investir ; lorsque nous voulons travailler un sujet avec des Églises-sœurs, nous le faisons plus facilement à une échelle plus réduite, comme celle de la CEPPLE (la communauté des Églises protestantes des pays latins d'Europe), avec des Églises qui partagent les mêmes préoccupations que nous.

Nous nous sentons trop peu nombreux pour prétendre sérieusement faire pencher la balance dans la construction européenne, aussi déléguons-nous (peut-être à tort) cela à la KEK, qui fonctionne alors comme un réseau d'experts, et/ou aux "grosses" Églises majoritaires qui ont moyens financiers et humains pour s'y investir et dont le poids dans la société leur donne légitimité pour le faire... et qui du coup utilisent cette plateforme pour coordonner leurs actions et parler - lorsqu'elles y arrivent - d'une voix commune sur certains sujets. Il est clair que lorsque la diversité des Églises qui composent la KEK arrive à parler d'une voix commune, cela rend son témoignage plus fort et plus audible, même si cela prend plus de temps !

Mes attentes
Je connais bien la KEK, j'ai été membre de ce qui s'appelait alors le "comité central" de 2009 à 2013. J'attends de cette assemblée qu'elle me donne l'occasion de retrouver des connaissances et des amis. Car comme toute institution, la KEK est d'abord un réseau de personnes... 
J'attends ensuite de cette assemblée qu'elle me permette de prier dans de multiples langues, selon de multiples traditions, avec de merveilleux chants qui me resteront longtemps dans la tête (tiens, ça me donne envie de ressortir le carnet de chants de 2013...)
J'attends enfin de cette assemblée qu'elle me redonne envie d'envoyer des personnes s'investir à la KEK, et pas seulement lui déléguer notre parole d’Église dans la construction européenne. J'attends de cette assemblée qu'elle m'aide enfin à voir quelle pourrait être la place de notre Église dans cette communauté...

Pasteure Claire Sixt-Gateuille, 
responsable des relations internationales de l’Église protestante uniede France,
conseillère de délégation à l'Assemblée de la KEK