vendredi 30 juin 2017

En route pour la CMER à Leipzig !



La date était bloquée dans l'agenda depuis plusieurs mois, les documents de préparation étaient (presque) tous lus, le train et l'hébergement étaient réservés… Il s'agissait maintenant de découvrir la communion Mondiale des Eglises Réformées (CMER) ! La CMER représente 233 églises membres dans le monde et se réunit en Assemblée Générale tous les 7 ans. 

Cette première journée du 29 juin donne la tonalité pour la suite : rythme soutenu et programme varié. Un point commun pour les participants : le badge, sésame pour accéder aux différents sites et bénéficier des transports en commun de la ville, mais aussi et surtout  pour entrer en communication avec l'autre, les autres délégués et invités à ce rassemblement hors norme par la dimension internationale, la différence de cultures et le nombre de personnes accueillies.

Après le culte d'ouverture, la communion mondiale a été constituée en Assemblée Générale et le procès-verbal de la dernière Assemblée à Grand Rapids en 2010 fut adopté. Six nouvelles églises ont été officiellement accueillies comme membres.
Ensuite, la procédure de consensus a été présentée longuement : il s'agit de respecter trois étapes, l'écoute, le discernement et la prise de décisions. A l'aide d'un carton de couleur posé sur le plexus, chaque délégué peut exprimer son ressenti au sujet d'une proposition. L'orange exprime le fait qu'il est plutôt enclin à l'acceptation et le bleu plutôt « refroidi ». S'il croise silencieusement les deux cartons cela signifie qu'à son avis il est inutile de prolonger le débat.

Il est important de noter qu'une grande équité est toujours recherchée dans les groupes (âge, genre, ordonné ou laïque et répartition géographique). Le thème de la justice ainsi que celui de la communion sont  récurrents durant cette première journée. Les théologiens intervenants n'hésitent pas à dénoncer les injustices, les dérives de notre monde avec des exemples et des arguments qui interpellent et nous placent dans une certaine « inconfortabilité ». Nous les remercions pour cela et nous sommes là pour cela, le mot d'ordre étant « Dieu vivant, renouvelle et transforme-nous ».

Pour terminer ce billet, il faut mentionner le somptueux accueil par le Maire de Leipzig dans les locaux de l'hôtel de ville (photo). Décidemment, la CMER regorge de surprises… à bientôt pour la suite !
Régine Lehner

Culte solennel

La queue attendant l'entrée dans l'Église (c) M.Voorwinden
"Le monde" attend pour rentrer dans la Nicolaikirche (Église Saint-Nicolas) in Leipzig. Pour des raisons de sécurité l'entrée de tous les délégués à pris une heure. La "Nicolaikirche" a été choisie pour le culte solennel d'ouverture à cause de son importance historique. En 1989 lors du "lundi des manifestations" cette église était le centre de la protestation pacifique contre le régime communiste.

Début de l'assemblée

Salle plénière de l'Assemblée de la CMER (c) M Voorwinden
Ce matin l’Assemblée Générale de la Communion Mondiale d’Églises Réformées a commencé à Leipzig (Allemagne). Presque 1.000 personnes ont été invitées. Parmi elles la plupart sont des délégués des Églises membres. Pour la France, deux personnes représentent l’Église d’Alsace et de Lorraine, deux autres représentent l’UNEPREF et moi-même l’EPUdF, la deuxième déléguée EPUdF étant empêchée.

Parmi les participants de l’AG il y a aussi des représentants d’Églises non-réformées et les étudiants du Global Institute of Theology (GIT). Les participants du GIT (auquel j'ai moi-même assisté en 2014) sont des étudiants en théologie ou des jeunes pasteurs. Ils sont déjà en Allemagne (Wuppertal) depuis trois semaines pour étudier et partager dans un contexte mondial comment la théologie et le ministère se vivent dans leurs contextes locaux différents et pour apprendre l’un de l’autre.

En outre des délégués et invités il y a 75 « stewards », au travail du matin au soir pour mener à bien l’organisation de ce grand événement. L’un d’eux, Quentin, est français, étudiant en théologie à Montpellier ayant passé deux semestre d’étude à l’université de Leipzig dans le cadre d’une échange.
Quelques stewards (c) CMER/WCRC

Les dernières personnes présentes que j’aimerais nommer sont les interprètes. Pendant l’AG, les interventions – des moments de cultes aux réactions aux différentes contributions – se font en 6 langues, une langue parlée (majoritairement l’anglais), interprétée en direct dans les 5 autres langues officielles ou soutenues par la CMER : anglais, français, allemand, espagnol, coréen et indonésien. Ayant entendu tant de langues pendant toute la journée, je ne me rends plus compte dans laquelle je parle moi-même à un moment donné (pourtant, je me suis bien assurée que je suis en train de vous écrire en français actuellement).

Des 243 Églises membres de la CMER, venant de 108 pays, ce matin 126 étaient déjà représentées. D’autres délégués doivent arriver un peu plus tard. Certains ne peuvent pas nous rejoindre, n’ayant pas pu obtenir un visa (dans les délais).

Le refus de visa est une question récurrente pour ce genre de manifestations, peu importe dans quel pays l’événement a lieu. Cela défavorise un certain nombre d’Églises membres, et chaque fois les mêmes, qui se retrouvent dans l’impossibilité de participer aux assemblées. Un état de fait difficilement acceptable pour une organisation qui met tant d’accent sur la justice de tout genre...

Marlies Voorwinden

jeudi 29 juin 2017

Culte d'Ouverture

En attendant les premiers échos des participants, voici quelques photos du culte d'ouverture :
(c) Guy Maillard

(c) Serge Fornerod

(c) Guy Maillard

mardi 27 juin 2017

Prière pour l'assemblée de la CMER

Aujourd'hui, je vous propose une prière d'intercession que vous pouvez utiliser pour la liturgie de dimanche prochain, afin de porter, dans la prière communautaire, l'assemblée de la Communion mondiale des Églises réformées qui commence jeudi pour se clore le 7 juillet :

(c) Teresiah Njoki pour le COE/WCC
"Seigneur notre Dieu, tu t’es révélé
comme celui qui veut amener la justice et la paix véritable parmi les peuples ;
dans ce monde qui évite de regarder les injustices
tu jettes les yeux sur les indigents, les pauvres, les victimes ;
tu nous appelles à te suivre,
à prêcher la bonne nouvelle aux pauvres,
à proclamer la liberté aux captifs et aux aveugles le retour à la vue,
à renvoyer libres ceux qu’on opprime
et à annoncer que le temps de ta bénédiction est venu.
Sois auprès de ton Église, Seigneur, lorsque nous répondons à ton appel.
Ouvre nos yeux sur les opprimés.
Emplis-nous de compassion pour la détresse de l’étranger, du réfugié, de l’immigrant.
Pousse-nous à exercer des ministères au service des orphelins et des veuves.
Donne-nous le courage de nous opposer à l’action des impies qui exploitent les pauvres.
Libère-nous des manifestations pieuses qui nous détournent du culte véritable que tu préconises :
Partager le pain avec celui qui a faim,
Accueillir ceux qui sont sans abri,
Vêtir ceux qui sont nus,
Ne pas se détourner de ceux qui sont nos frères et nos sœurs.
Alors, le droit coulera comme de l’eau et la justice comme un torrent intarissable.
Conduis nos pas auprès des pauvres et nous serons auprès de toi.
Aie pitié, ô Dieu :
Disperse les orgueilleux,
Abaisse les puissants,
Élève les humbles,
Rassasie les affamés,
Et renvoie les riches les mains vides.
Notre Père…"
Paul G. Janssen

D’autres textes liturgiques sont téléchargeables sur le site de l’assemblée.
Et si vous voulez découvrir quelques chants de l'assemblée, rendez-vous ici (partitions et son), il y a une version française pour le premier et les deux derniers chants.
Claire Sixt Gateuille

jeudi 22 juin 2017

Documents de l'AG de la FLM accessibles

Mgr Antje Jackelen (c) Albin Hillert pour la FLM
Les principaux documents de l'Assemblée de la Fédération luthérienne mondiale sont désormais accessibles sur le site de la FLM, y compris en français :
- les résolutions adoptées (l'ensemble des résolutions établit les priorités de travail de la FLM jusqu'à l'assemblée suivante)

D'autres documents intéressants sont également accessibles : Tout d'abord, le carnet de chants et de textes liturgiques de l'assemblée est téléchargeable sur le site de l'assemblée, il comporte quelques chants avec une version française. Ensuite des documents pour approfondir théologiquement le thème de l'assemblée "Libérés par la grâce de Dieu" : le Manuel d'étude (la partie en français se trouve pages 145 à 211), conçu pour l'assemblée, et les livrets thématiques sur ce thème, qui est aussi l'interprétation actualisée que la FLM fait de la Réforme, à l'occasion de ses 500 ans. 4 livrets viennent compléter le manuel d'étude, celui sur le thème général, et 3 sur les 3 sous-thèmes : le salut n'est pas à vendre, l'être humain n'est pas à vendre, la création n'est pas à vendre.  

Par ailleurs, vous pouvez trouver de nombreuses photos, classées par temps forts de l'assemblée, ici. La plupart des photos de ce blog en sont tirées, dont celle-ci : le beau sourire de l'archevêque de Suède, Mgr Antje Jackelen, au moment de la prière d'action de grâces, à la  fin de la sainte-cène, lors de la célébration finale de l'assemblée. 

Claire Sixt Gateuille

lundi 19 juin 2017

Mon bilan de l'Assemblée de la FLM

Il y a un mois, je revenais de Namibie, où j'avais prié, discuté, mangé, pleuré et rit avec 800 autres personnes venues à Windhoek pour l'assemblée générale de la Fédération luthérienne mondiale. Un mois après, voici le bilan que j'en tire :

Une Communion universelle 
(c) FLM
Ce fut une belle assemblée ! Marquante par l’expérience de la diversité : diversité des costumes, des langues, des points de vue et des préoccupations. Marquante aussi par l’Esprit de communion : un esprit fraternel entre les participants (on retrouve cela dans d’autres assemblées), un vrai respect mutuel dans le traitement des tensions entre Églises (le secrétaire général y est très attentif), mais aussi une communion partagée au repas du Seigneur, ce qui est une grande différence avec les assemblées du COE par exemple. Je dois avouer que pour moi, cela a fait partie des temps les plus forts de l’assemblée. Marquante enfin par l'occasion offerte de fêter les 500 ans de la Réforme, partie de Wittenberg (ou en tout cas d'Europe) et présente désormais dans le monde entier.

Une institution solide, mais avec des fragilités  
La Fédération luthérienne mondiale est connue et reconnue pour la qualité de son travail et la force de son réseau. Aussi n’a-t-elle pas de mal à trouver des financements, ecclésiaux comme publics, en particulier pour son département « World Service », qui s’occupe de l’action humanitaire de la FLM (aide d’urgence et développement). Cela s’est vu en particulier par le doublement de son budget sur les 7 dernières années. Mais l’augmentation de ces rentrées d’argent entraine ce que j’analyse comme une hypertrophie du « World Service » dans l’organisation générale de la FLM, passant de 84% en 2010 à 93% en 2016 du budget total

(c) FLM
Cela pose question tout d’abord en termes de stratégie : la FLM est-elle en train de devenir une ONG confessionnelle ? Pour l’instant, l’attention à la communion entre Églises, à la théologie, à l’accompagnement des Églises membres est une priorité du secrétaire général et du nouveau président (comme de l'ancien), ce qui permet de ne pas trop sentir cette hypertrophie dans la vie de la FLM, mais il ne faudrait pas qu’un prochain secrétaire général ait un profil plus de « gestionnaire », sinon le déséquilibre risque de se faire sentir rapidement…

Cela pose également la question de la pérennité de ces recettes : 44% des recettes de la FLM viennent de l’ONU et de l’aide au développement de quelques pays (nordiques, Allemagne). Avec la sécularisation de ces pays, jusqu'à quand ces populations civiles accepteront-elles que leur aide au développement passe par des organisations confessionnelles ? Et une bonne partie du reste vient des Églises de ces pays, financées par l’impôt. Avec la baisse de la pratique religieuse, il faut s’attendre à terme à une baisse de cette source de revenus. Cela se traduit déjà sur le budget du Département Mission et Développement, celui qui soutient la formation, la bonne gouvernance et la participation de tous dans les Églises, dont le budget évolue à la baisse constamment depuis 2011…
 
Une belle profondeur théologique, mais quelques questionnements 
(c) FLM
Le choix d’avoir un département « Théologie et témoignage public » – complémentaire de l’Institut œcuménique de Strasbourg qui s’occupe, lui, de recherche théologique et œcuménique - me semble être une grande force de la FLM, pour toujours remettre au cœur de son action ses convictions théologiques et pour toujours articuler ses actions de plaidoyer au message de l’Évangile, tout en travaillant aussi l’esprit de communion entre Églises membres. C’est justement au nom de l’Évangile que la FLM est présente sur le terrain, et non au nom d’un humanisme diffus. Cela a été réaffirmé par le secrétaire général, Martin Junge, dans son message. Il a en particulier souligné le travail sur l’Église dans l’Espace public, le travail d’herméneutique biblique mené en commun , mais aussi le « processus d’Emmaüs » invitant les Églises à cheminer ensemble sur la question de l’homosexualité.

J’ai parfois été un peu surprise, voire agacée par l’articulation entre salut par grâce et vocation humanitaire qui était parfois faite par certains intervenants comme si elle était automatique : Je suis libéré et sauvé par grâce… pour aller sauver, physiquement, d’autres humains. Une jeune intervenante est d’ailleurs venue questionner cette articulation en demandant : vous dites qu’on ne peut vendre ni acheter le salut, mais pouvez-vous « l’apporter » aux autres ? Quelqu’un d’autre soulignait tout ce qui avait été fait au nom de ce salut, apporté gratuitement mais au prix de la dévalorisation de la culture d’origine des peuples à qui les missionnaires s’adressaient.

Une politique de représentativité assumée
(c) FLM
Un autre point saillant de l’assemblée a été la stratégie très proactive de la FLM pour mettre en avant la participation des groupes à qui on donne traditionnellement moins la possibilité de s’exprimer dans les sociétés comme, parfois, dans les Églises : les jeunes, les femmes, les minorités, les personnes handicapées… Elle est également attentive à la représentativité géographique, l’équilibre Églises minoritaires/majoritaires, etc. Contrairement au Conseil œcuménique des Églises, où cette stratégie est parfois critiquée ouvertement, elle semble tout à fait intégrée comme une règle inhérente à la FLM, y compris par rapport aux quotas qu’elle établit dans la composition des différentes instances.

Sur le terrain, des défis
(c) FLM
Cette assemblée a été une occasion de prendre le « pouls de la planète » : mouvements migratoires, changements climatiques, violences faites aux femmes, explosion des inégalités, etc. Trois points ont été particulièrement mis en avant : les inégalités sont de plus en plus cruelles, en particulier pour les groupes déjà vulnérables (femmes, enfants, personnes handicapées et âgées, minorités) ; chômage de masse et précarité touchent désormais les jeunes y compris dans les pays dits développés, ce qui hypothèque leur avenir et donc celui de ces pays ; les droits les plus élémentaires des migrants, quel que soit la cause de leur déplacement, sont de plus en plus remis en cause. Face à ce dernier constat, la FLM réaffirme que « les réfugiés peuvent perdre bien des choses dans leur fuite, mais ils ne perdent jamais leurs droits humains ».

Pour conclure, je dirais que la Fédération luthérienne mondiale a donné durant cette assemblée l’image d’une belle communion et d’une organisation qui fait un travail de qualité, reconnu et apprécié, solidement ancré dans un réseau de coopérations avec d’autres, qui prend soin de la communion entre ses Églises membres et a une vraie profondeur dans sa réflexion théologique. Mais se dessinait aussi à l’horizon l’image d’une organisation qui risque de basculer dans une fuite en avant trompeuse si elle continue à laisser se développer de façon déséquilibrée son département chargé de l’humanitaire sans chercher à développer aussi le travail – et la recherche de fonds – de ses autres départements.

Claire Sixt Gateuille

mardi 13 juin 2017

La mission à la FLM

Je reviens encore un peu sur l'assemblée de la FLM, avant de nous plonger dans celle de la CMER. cette fois-ci, par le biais de la préoccupation missionnaire : comment la question de la Mission a-t-elle été traitée durant l'assemblée ? 

(c) FLM
Elle a été mise au centre des débats dès le premier jour, avec la pré-assemblée des jeunes. Ceux-ci ont proposé une vision pour la Fédération luthérienne mondiale (FLM) en 3 axes : Réveil, éducation et équité. Le Réveil (ou "renouveau" selon les traductions) était le premier et le plus fort de ces trois axes. Les jeunes ne se satisfont pas d'une Église déclinante et installée, et réaffirment "Pour être une Église qui s'épanouit, nous devons avoir un engagement fort et actif dans la société autant que dans l’Église", "Nous devons être audacieuses/audacieux, flexibles et fières/fiers de notre identité luthérienne face à des changements omniprésents." ou encore "Les jeunes luthérien-ne-s jouent un rôle clé dans le renouveau des Églises, et partagent cette responsabilité avec l’ensemble de l’Église. Le dialogue entre les générations et un leadership intergénérationnel sont essentiels à cet effet."

(c) Albin Hillert pour la FLM
Dans l'organigramme de la FLM, c'est le département "Mission et développement" qui s'occupe des questions de mission. Son rôle est principalement de soutenir la mission des Églises là où elles se trouvent, et en particulier en permettant à tous ses membres de prendre part à la mission de l'Eglise. Aussi donne-t-il la priorité à la formation des femmes et des jeunes, et à la formation des leaders à la bonne gouvernance. Par ailleurs, il organise des consultations autour des thématiques liées à la mission, par exemple sur la diaconie ou sur la mission dans notre contexte mondialisé. Le but de ces consultation est l'échange de bonnes pratiques, la réflexion en commun à un niveau supra-local sur les défis et les opportunités pour la mission aujourd'hui et la mise en réseau de ces acteurs de la mission. Malheureusement, ce département a vu ses financements baisser de 31 % en 7 ans (dont 21% rien qu'entre 2015 et 2016)... 

Deux résolutions (l’ensemble des résolutions constitue le programme de travail de la FLM entre deux assemblées) ont été adoptées à la dernière assemblée pour tenter d'enrayer cette spirale de réduction de l'action missionnaire de la FLM. La première résolution encourageait le Réveil des Eglises et la création d'une plateforme d’échanges autour de la contextualisation et des réponses à apporter face à la sécularisation croissante. 

(c) JC Valeriano pour la FLM
La deuxième résolution, proposée par une consultation qui a eu lieu en 2016 sur « la mission contemporaine dans un christianisme mondialisé », a réaffirmé l’importance de la mission dans la vie de la FLM. Elle a présenté 11 défis actuels dont la mission doit se saisir (identité luthérienne et formation théologiques, mouvement charismatiques, sécularisation, pluralisme et fondamentalisme religieux, polarisation et division dans la société, proclamation et suivance, plaidoyer et diaconie dans le contexte actuel, migration, jeunesse, rapports hommes/femmes, théologie de la prospérité, communication). Le texte appelait par ailleurs chaque Église à réfléchir à nouveaux frais sur les questions « Être l’Église dans son contexte » et « son rôle dans la mission de Dieu ».

(c) Albin Hillert pour la FLM
Plus généralement, on peut dire que la FLM partage la conception de la mission répandue au niveau du Conseil œcuménique des Églises (COE), de la Communion mondiale des Églises réformées (CMER) et d’autres : celle d’une mission holistique, qui englobe proclamation, diaconie et plaidoyer, qui s'adresse à tout l'être humain, y compris dans son ancrage communautaire et ses relations avec les autres. Une mission dans laquelle les êtres humains ne sont que participants de la Mission de Dieu ; une mission qui nous transforme et transforme le monde. Le constat est également partagé que les contextes changent de plus en plus rapidement et que notre conception de la mission doit sans cesse s’adapter et reprendre à nouveaux frais son travail de contextualisation. 

Claire Sixt Gateuille

P.S.: Insatisfaite de la traduction française de la première citation du message des jeunes, j'en propose ici une nouvelle traduction. Voici l'original en anglais : "To be a thriving church, we must have an active and strong membership in both church and society".

lundi 5 juin 2017

Présentation de la CMER

Voilà, l'Assemblée générale de la Fédération luthérienne mondiale est finie. Vous aurez encore des retours la concernant (nous pourrons en particulier faire un premier bilan de cette aventure). Mais déjà, se dessine la perspective de l'assemblée de la Communion mondiale des Églises réformées, dans un mois.

Présentation de la CMER
Chris Ferguson, secrétaire général de la CMER
La Communion mondiale des Eglises réformées (CMER) est issue de l’union en 2010 de l’Alliance mondiale réformée (qui a ses origines en 1875) et du Conseil œcuménique réformé (fondé en 1946). Composée de 225 Eglises, elle représente quelques 80 millions de protestants dans le monde. Elle est portée par une structure assez légère, avec un secrétariat général de moins de 10 personnes (à comparer aux 73 membres de l'équipe de la FLM rien qu'à Genève). C'est une organisation qui a peu de moyens humains et financiers, mais qui est riche de son fonctionnement en réseau.

C’est l’organisation confessionnelle qui compte le plus d’Eglises unies en son sein. Certaines sont issues d'unions entre réformés et presbytériens, ou presbytériens et congrégationalistes, donc tous de théologie réformée mais avec des différences d'ecclésiologie (c'est-à-dire de conception et d'organisation de l’Église). D'autres sont issues d'unions entre branches confessionnelles différentes, les plus répandues étant les unions luthéro-réformées ; mais on trouve aussi des Églises unissant en leur sein des branches réformée, baptiste, anglicane, etc. comme dans l'Eglise d'Inde du Sud.

Le travail de la CMER
Le slogan de la CMER est « Appelés à la communion, engagés pour la justice ». Le travail de la CMER s’articule autour de 4 axes :
-    Unité ecclésiale (faire vivre la communion entre ses Églises et être un acteur des dialogues œcuméniques)
-    Mission, en particulier le travail de plaidoyer et l’action en faveur de la Justice
-    Réflexion et formation théologiques
-   Renouveau de l’Église, en particulier par la formation des cadres de ses Églises membres, en valorisant la formation des jeunes et des femmes.

(c) COE 2013
Depuis quatre ans que je suis chargée des relations internationales de l’Église protestante unie, je me suis aperçue que le mot Justice sert de leitmotiv dans les publications et les activités de la CMER. Un des moments forts de ces 20 dernières années a été l’adoption en 2004 de la « Confession d’Accra », en réalité un « engagement de foi » qui dénonce les effets désastreux du néolibéralisme économique sur la vie des populations les plus pauvres de la planète et sur les milieux naturels. La globalisation néolibérale y est dénoncée comme une idole, devenant un "Empire" (voir mon article sur le mot Empire) par le système de domination qu'elle implique. Contre cette idole, l'AG de l'Alliance réformée mondiale de 2004 affirmait que "la justice économique au niveau mondial est un élément essentiel pour l'intégrité de notre foi en Dieu et pour notre qualité de disciples en tant que chrétiens. Nous croyons que l'intégrité de notre foi est en jeu si nous gardons le silence ou si nous refusons d'agir face au système actuel de la mondialisation économique néolibérale".

L’assemblée générale de la CMER
Le fait que l'assemblée générale puisse se tenir cette année est en soi un petit miracle. La CMER a traversé ces trois dernières années un déménagement de Genève à Hanovre, un changement de secrétaire général et d'une grande partie de son équipe et des problèmes de cohésion au sein de la nouvelle équipe... Mais tout le monde a redoublé d'efforts pour que cette assemblée se déroule le mieux possible. 

Elle aura donc lieu du 29 juin au 7 juillet, à Leipzig, sur le thème : « Dieu vivant, renouvelle et transforme-nous ». C'est un thème assez classique quand on connaît les thématiques des grandes organisations chrétiennes internationales. Les principaux efforts ont porté sur la méthodologie mise en oeuvre, pour permettre à tous les délégués de participer à l’élaboration du programme d’action de la CMER pour les 7 ans à venir, par le travail en petits groupes et l’effort de traductions (6 langues officielles).

Les temps forts prévus sont l'association de la CMER à la déclaration sur la doctrine de la Justification, signée en 1999 entre la Fédération luthérienne mondiale et l'Eglise catholique, qui aura lieu à Wittenberg, le 5 juillet, et un déplacement à Berlin où l'assemblée participera à un culte diffusé en direct à la télévision et sera reçue par le ministère allemand des affaires étrangères, le 2 juillet.  

Claire Sixt Gateuille